Pierre CHANEL, le premier saint martyr de l'Océanie.
Voila un cousinage de mes petits enfants ROBIN-GIRODOLLE, du côté de leur maman Angélique ROBIN, donc un cousinage bressan.

Un enfant pieux devenu curé de paroisse.
Alors que le Concordat de 1801 a rétabli la place de la religion catholique en France, Pierre Chanel naît le 12 juillet 1803 à la ferme de la Potière à Cuet (dans l’actuelle commune de Montrevel-en-Bresse), à une vingtaine de kilomètres au nord de Bourg-en-Bresse (Ain). Avec sa petite sœur, il aime jouer à dire la messe. L’abbé Trompier, curé de Cras-sur-Reyssouze, petit village non loin de Cuet, qui remarque rapidement sa piété et son intelligence, lui propose de l’emmener pour servir la messe et étudier avec lui. Pierre intègre l’école de Cras à l’automne 1814, il a 11 ans. Après sa première communion, le 23 mars 1817, il se passionne pour la lecture des lettres des missionnaires envoyés par Monseigneur Guillaume-Valentin Dubourg (1766-1833), de retour d’Amérique où il était évêque de Louisiane. Plus tard, il confiera : « C’est l’année où je formai le dessein d’aller dans les missions lointaines. » À sa confirmation, il prend saint Louis de Gonzague comme second patron. Il entre au petit séminaire de Meximieux (Ain) et intègre le grand séminaire à Brou (Ain). Le 15 juillet 1827, c’est en l’église de Brou que Monseigneur Devie l’ordonne prêtre du diocèse de Belley (Ain). Il a alors plusieurs missions : vicaire à Ambérieu-en-Bugey et curé de Crozet (pays de Gex, proche de Genève), où il laisse les souvenirs les plus impérissables par sa bonté. Mais il porte toujours en lui le désir de voyager pour évangéliser au-delà des océans. Monseigneur Devie refuse de le laisser partir, Pierre Chanel obéit.

Missionnaire de Marie.
Peut-être pour triompher de la résistance de Monseigneur Devie et pouvoir enfin partir évangéliser outre mer, le père Chanel demande à son évêque l’autorisation de rejoindre la Société de Marie, fondée en 1822 par Jean-Claude Colin (1790-1875). Il y entre en 1831. Il espérait que le Saint-Père autoriserait au plus tôt leur constitution en Société missionnaire indépendante et leur ouvrirait les océans… Au lieu de cela, il est professeur au petit séminaire de Belley, où les élèves s’attachent particulièrement à lui. Suite à l’appel du pape Grégoire XVI à envoyer des missionnaires en Océanie, mission particulièrement confiée à la Société de Marie, Pierre Chanel se porte volontaire. Il embarque ainsi à bord de la Delphine le 24 décembre 1836, et part du Havre (Normandie) en direction du Chili puis de l’Océanie.
Martyr à Futuna.
Après près de 11 mois de voyage, le 7 novembre 1837, le Père Chanel s’installe avec le Frère Marie Nizier à Futuna, dans l’ouest de la Polynésie, tandis qu’un autre groupe de Maristes a débarqué à Wallis. Découverte en 1616 par les Hollandais, l’île de Futuna a été surnommée « l’enfant perdu du Pacifique » par Bougainville en 1768 ; elle n’a jamais été évangélisée. Pendant deux ans, hébergé par le roi Niuliki, le Père Chanel apprend la langue du pays et baptise des enfants mourants. À la suite de saint Paul, il découvre l’île, ses habitants, les coutumes et cherche à se faire Futunien avec eux. Cette démarche d’inculturation personnelle lui permet de commencer son travail d’évangélisation. Avec patience et charité, il soigne les malades et les blessés. Il lutte contre les guerres entre tribus. Ses actions lui valent le surnom d’« homme à l’excellent cœur ». En 18 mois, il permet aux deux royaumes se trouvant sur l’île de faire la paix. Mais suite aux différentes conversions à la foi catholique (moins nombreuses cependant qu’à Wallis, qui devient entièrement chrétienne), le roi Niuliki commence à prendre ombrage. Il décide de ne plus héberger ni nourrir les missionnaires, et une certaine forme de persécution commence pour les pousser à partir. Ils restent malgré tout fidèles à leur ministère, et grâce à leur témoignage, les cœurs sont touchés et on compte toujours quelques conversions, dont celle du fils du roi Niuliki, Meitala, qui se convertit publiquement. C’en est trop, le roi décide d’en finir avec le missionnaire : « Que meure la religion avec celui qui l’a apportée ! » Le 28 avril 1841, des guerriers se rendent dans la case de Pierre Chanel pour le tuer et piller sa demeure. La veille, le Frère Marie Nizier avait été envoyé à l’autre bout de l’île pour célébrer un baptême. Le Père Chanel est battu, puis, d’un coup d’herminette, il meurt le crâne ouvert. Ses dernières paroles furent : « Malie fai ! » (« C’est bien ! »), en écho aux dernières paroles de Jésus sur la croix : « Tout est accompli. » Il aimait dire : « Les missionnaires meurent, mais une mission ne doit pas mourir ».
En effet, un an après ce drame, des missionnaires reviennent et, en 1844, toute l’île de Futuna est convertie, y compris les assassins du Père Chanel, qui demandent sincèrement pardon. Une danse (« eke ») est même créée par les habitants pour se souvenir de celui qui leur avait apporté la Bonne Nouvelle. Premier martyr d’Océanie, Pierre Chanel a été béatifié par Léon XIII le 17 novembre 1889 et canonisé par Pie XII le 13 juin 1954. Fêté le 28 avril, il est le saint patron de l’Océanie et a été l’un des saints patrons des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) en 2008 à Sydney (Australie).